Lorsqu'il grandit, l'Homme reçoit une éducation sexuelle en constante évolution.
L’éducation sexuelle d’un mineur débute très tôt, dès la maternelle. Mais ce thème est tout juste abordé et non étudié en détail comme ce sera le cas au collège et lycée, où la sexualité prendra part importante dans le programme scolaire de Sciences de la Vie et de la Terre.
On peut noter des divergences entre le point de vue d’un enfant et celui d’un adolescent sur le thème de la sexualité. Ces différences sont dues aux divers paliers d’explication de l’instituteur ainsi qu’à la maturité du public.
Néanmoins, certains livres destinés à un très jeune public peuvent déjà initier les enfants à la sexualité. C’est par exemple le cas pour ceux âgés de 4 à 6 ans avec L’ENCYCLO de la vie sexuelle 4-6 ANS.
Ces enfants auraient tendance à associer sexualité et relations humaines, par opposition à une vision biologique. On pourrait alors s'interroger sur le passage d'un côté relationnel et humain à un côté scientifique et déshumanisé.





A travers les différentes sources de production, on a pu nettement distinguer une disparition de la notion d'amour dans la sexualité par rapport à l'âge du public visé. En effet, pour commencer avec l'apprentissage chez les plus petits, on peut noter que l'intégralité de L’ENCYCLO de la vie sexuelle 4-6 ANS est écrite sous forme de narration. On débute l'explication de la sexualité aux plus jeunes par le biais de la naissance d'une portée de chaton. Cette narration est racontée un peu à la manière d'un conte pour enfant, où tout est beau et tout se passe pour le mieux, on peut alors s'attendre à ce que les sentiments fassent partie intégrante de l’œuvre. Pour accompagner cette histoire, les illustrations sont toutes réalisées avec de l’aquarelle. Ces dessins représentent la jeunesse.

De plus, une image de monde vert et très enfantin, où l’on illustrerait le bonheur qu’engendre la sexualité (ici, la procréation puis la naissance) est projetée.
 L'idée de ce monde « paisible » est accentuée par la présence d'une hirondelle ainsi que celle d'une végétation abondante (en particulier les fleurs). L'hirondelle (ici en jaune) est symbole de bonheur à la maison qu'elle a choisie pour y bâtir son nid, ce qui correspond réellement à l'image donnée d'un monde qui se crée dans l'esprit des enfants, par les notions qu'on lui a inculquées. On pourra voir cependant l'évolution de celui-ci au fil des ans.   
De plus, les personnages adoptent un air absolument décontracté, signifiant une absence de contraintes, que l'on sait en outre présentes dans la vie de tous les jours. L'esprit relationnel se forgeant dans la tête des plus petits observe un jardin vaste, sans barrières, sans limites à ce monde. Les animaux également sont en liberté. 
 Petit à petit, les enfants seront amenés à quitter ce monde utopique représentatif de l'ignorance enfantine, étant donné l'évolution de leur « future » éducation sexuelle. Cette idée de départ peut-être matérialisée par la course de ces deux enfants vers une colonne antique, symbolisant la connaissance, le savoir, l'ouverture d'esprit des Grecs. Inconsciemment, les enfants se dirigent vers une nouvelle éducation, que l'on pourrait symboliser par une sorte de chemin « de la vie » situé derrière cette colonne.

                                      

















 

En observant l'intégralité de l'ouvrage, on remarque que déjà sur la 1ère de couverture, l'ovule et le spermatozoïde se sont vus attribuer le sentiment d'amour avec l’utilisation d’un cœur. Ce cœur symbolise une union entre les deux cellules. Cette liaison n’est pas fausse puisque le spermatozoïde remonte l’utérus et féconde l’ovule, ils sont donc bien complémentaires. Nous ne notons pas encore la mise en avant du dimorphisme sexuel, c'est-à-dire que pour une même espèce le mâle et la femelle ont un aspect différent. Seulement ici, l'ovocyte et le spermatozoïde ont la même taille (l'ovule est nomalement plusieurs dizaines de fois plus gros que le gamète mâle) et ont la même couleur.

 


Cette personnification se poursuit avec des couples d’animaux qui s'étreignent avec toujours ce petit coeur significatif d'amour. On peut remarquer que le comportement du coq et de la poule se rapproche de celui de deux humains : le coq prend la poule sous son aile et repose sa tête sur celle-ci, on fait référence ici à une sorte de slow, ils semblent intimes.
    


Les chats, quant à eux, forment encore une fois un coeur avec leurs queues, les chiens adoptent un caractère animal, ils se lèchent et remuent la queue. De plus, chaque animal sourit, on peut associer alors la notion d’amour à celle du bonheur. L’univers des 4-6 ans est comme une sorte de dessin animé, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.

                                                                                                                               

 




     

Ensuite, nous pouvons observer cette illustration, toujours tirée de l'encyclopédie des 4-6 ans. Sur le document ci-contre,  nous pouvons voir un couple se trouvant dans un lit. Ceux-ci paraissent nus, mais leurs organes génitaux sont cachés par la couverture les recouvrant. Contrairement  à des  manuels scolaires ou même à l'Encyclopédie de la vie sexuelle 7 ans 9 ans, on voit qu'il n'y a aucun schéma explicatif ; ou du moins explicite. Le couple est très uni, ils sont serrés l'un contre l'autre. C'est cette intimité qui caractérise l'amour dans la sexualité.

 

 

 

Après observation de ces premières images, on remarque l'abscence de réel document ou illustration poussant les informations scientifiques, étant donné qu'il s'agit de la première approche du sujet pour ces mineurs. Seuls des représentations matérialisant l'amour et des dessins d'anatomie extérieurs leurs sont proposés. L’éducation sexuelle proposée aux enfants de 4 à 6 ans ne dissocie pas l’amour et la sexualité, étant donné qu’ici, l’un ne va pas sans l’autre. On remarque un parallélisme entre humains et éducation, et même les animaux personnifiés disposent de sentiments alors que ceux-ci ne se servent que de leur instinct.



Voyons maintenant ce que contient l’Encyclopédie des 7 à 9 ans. A la manière des 4-6 ans, elle présente un enseignement sous forme narrée. L’histoire est cependant plus concrète, on assiste déjà au déplacement des jeunes depuis leur paradis enfantin vers un monde plus réel et plus scientifique. Elle se déroule autour de la conception puis de la naissance de la future cousine des deux protagonistes. Cette fois, les dessins à la peinture à l’eau marquent une évolution certaine, car au niveau artistique plus de dextérité est nécessaire au maniement de l’aquarelle comparé au crayon gras. Ce changement dans les illustrations représente bien le changement d’étape dans l’éducation à la sexualité.

 

Pour concrétiser une nouvelle démarche scientifique, les enfants sont initiés au microscope, outil essentiel pour observer le monde vivant microscopique. Pour compléter ce microscope, les personnages de l’Encyclopédie disposent d’une pince et d’un tube à essai. Cet assortiment schématise bien le passage d’un monde illusoire à un monde concret. Cette image n’a pas de répercutions sur la notion d’amour, elle ne fait qu’apporter le matériel scientifique nécessaire à l’élaboration d’une nouvelle éducation sexuelle.

Et pour marquer le passage entre ces deux mondes, on peut noter une opposition entre les cubes de jeu alphabétiques et cet instrument scientifique. Les enfants passent des cubes symbolisant la jeunesse et l’ignorance, traversent la barrière de l’âge, représentée par le cadre du dessin pour atteindre un certain degré d’évolution dans l’apprentissage.






Attention, il y a bel et bien une évolution dans l’enseignement, mais la passion reste tout de même encore très présente.

 

Ce sentiment est matérialisé grâce à une illustration, représentant deux amoureux se promenant dans un bois. Ce bosquet vert, très éclairé, fait penser à un conte pour enfant (à la manière de Blanche-Neige). Le fait qu’ils soient collés l’un contre l’autre et que l’homme ait un bras posé sur l’épaule de sa compagne montre bien qu’il s’agit d’un couple uni, très proche. En plus de cela, dans le langage des fleurs, le bouquet de Violettes signifie un sentiment d’amour inavouable à cause de la timidité. L’homme se montre profond et spirituel avec ses yeux fermés et sa main pointé vers la végétation à la manière d’un poète. Ces indices pourraient justifier le choix de ce cadre romanesque et de cette ambiance affectueuse.

Leur style vestimentaire répandu  laisse à penser qu’il s’agit d’adolescents ordinaires, et qu’il y a généralisation dans la rencontre de deux personnes attirées l’une vers l’autre. L’amour touche bien encore les êtres humains.

 





En comparaison à l’ovule personnifiée et courtisée par les spermatozoïdes « gentlemen » des 4-6 ans, on nous présente cette fois-ci un véritable ovocyte et un authentique gamète mâle. Ceux-ci ne présentent plus de caractère humain mais s’apparentent désormais à ce que l’on pourrait observer dans un manuel scolaire de collégien. On retrouve chez l’ovule les composantes d’une cellule, à savoir la membrane cytoplasmique, le cytoplasme et le noyau portant l’information génétique de la femme. Chez le spermatozoïde, on perçoit mieux le flagelle, la tête, la partie intermédiaire reliant les deux ainsi que le noyau portant l’information génétique de l’homme. Le caractère biologique de la sexualité fait dès à présent son entrée dans le monde romanesque des enfants, il n’y a plus d’amour entre des cellules.

 


Pour mieux visualiser les différences entre des images tirées de L’ENCYCLO de la vie sexuelle 4-6 ANS et celles provenant de l’Encyclopédie de la vie sexuelle 7 ANS 9 ANS, nous les avons regroupé sous une nouvelle page :
cliquez ici pour obtenir la page "Evolution".



Nous l’avons bien vu, l’âge de 7-9 ans est synonyme de grande révolution en matière d’éducation sexuelle. C’est aussi à cet âge là que l’on découvre son corps et celui des autres. En comparaison avec des 4-6 ans, les enfants ne se voient pas nus, ils ne voient pas non plus le corps du sexe opposé au leur. Ici, on assiste bien à une révélation. Le garçon semble heureux de se contempler dans un miroir. Il prend la pose et s’admire. Il s’intéresse principalement à lui. La fille aussi découvre son corps ainsi que celui du garçon. Celle-ci glousse en voyant le sexe masculin. Pour eux, la sexualité ne semble pas encore être très important, et paraît plutôt comme un jeu d’exploration. Cette image montre bien que c’est ici que commence réellement l’apprentissage de la vie sexuelle, et que c’est de cette scène amusante que vont arriver les notions scientifiques propres à la sexualité.







C’est à partir de 7 ans qu'on commence à mieux expliquer le côté biologique de la sexualité, mais le côté relationnel n’est pas encore altéré. On justifie cette science par l’amour. En effet, les personnages conçoivent un bébé car ils s’aiment avant tout.



Devenu maintenant un collégien, l'élève est maintenant en 4ème et suit des cours d'éducation sexuelle à l'école. Regardons une page de son manuel sur laquelle se trouve une illustration de « coït » (accouplement entre un mâle et une femelle, aussi bien chez les hommes que chez les animaux) entre un homme et une femme. Elle sert à montrer le trajet des spermatozoïdes dans l'utérus jusqu'aux ovaires. C'est la dernière image sur laquelle on a pu observer la représentation des deux sexes opposés. La notion « humaine » est tout de même minimisée par l'illustration interne et non externe de cette pénétration. Nous ne voyons même plus les êtres humains, mais nous observons plutôt le fonctionnement de l’horloge biologique et le mécanisme interne de la procréation.











Dans ce même chapitre sur la procréation, nous pouvons observer sur une photographie, un accouplement d'animaux. C'est un accouplement dit « aérien » de deux cerfs. Cette photographie plutôt « sans cœur », en comparaison à l'illustration du couple dans un lit dans l'encyclopédie 4-6 ans, est accompagnée d'un schéma descriptif de l'acte présenté au dessus ainsi que d'un texte explicatif au sujet de cet accouplement.
Sous cette photographie, nous pouvons également observer un second accouplement, celui de deux criquets, comportant lui aussi un bref texte explicatif.
Une opposition plus en direction du côté pratique de la sexualité, mis en avant par l'accouplement qui plus est de deux animaux. Cette pratique symbolise, chez les animaux, une nécessité biologique dont le but le maintien et la préservation de l’espèce.
 








 




Enuite vint une page comportant un dessin d'un jeune couple. Ils portent des habits ressemblant à ceux d'adolescents voire de jeunes adultes, ce qui pourrait permettre à ceux-ci de se reconnaître en ce couple, et peut-être se sentir plus à l'aise avec ces sujets délicats.
On peut clairement voir une notion d'amour grâce à cette illustration, dans ce livre destiné à des élèves de quatrième. En effet, les deux personnages se fixent avec un air attendri sur le visage, en se tenant par le bras. Ce genre de notion d'amour apparaît parfois encore jusqu'en quatrième, mais disparaît ensuite au lycée, où le côté biologique est uniquement abordé, sans notion humaine.
Cette image accompagne, dans le livre scolaire, des textes « questions/réponses » formulées par des élèves et traitées par des spécialistes (andrologue, sexologue, gynécologue et pédopsychiatre). Le contexte de cette illustration semble légèrement moins scolaire et axé sur le savoir scientifique en lui-même. La sexualité semble ici montrer un côté plus concret. Cependant, ces questions n’excèdent pas 4 pages, ce qui constitue une infime partie d’un manuel scolaire. La place que prend la notion d’humanité derrière la sexualité décroît considérablement. 

Le côté biologique commence peu à peu à prendre le dessus sur le côté humain de la sexualité. Mais pour le moment, les collégiens n’observent pas exclusivement que la science et laissent encore une très petite place à l'amour.


 

L'adolescent entre ensuite au lycée. Selon ses choix, il pourra continuer d'étudier le programme de la sexualité en 1ère ES ou en Terminale S. Intéressons nous d'abord au programme des 1ère ES. Dans leur manuel scolaire, nous pouvons observer l'illustration d'une éjaculation. Nous y voyons le sexe féminin, mais une totale absence du sexe masculin, d'où une disparition de quelconque affection dans le coït ; on ne voit plus d'êtres humains en eux-mêmes. Cette illustration représente trois stades suivants l'éjaculation, afin de voir le déplacement des spermatozoïdes dans les voies génitales de la femme. Nous observons donc que 200 à 300 millions de spermatozoïdes sont déposés, lors de l'éjaculation, dans le vagin
 
30 minutes après éjaculation, l'« éjaculat  » se liquéfie, donc les spermatozoïdes n'ayant pas parvenu à atteindre le mucus cervical sont détruits. Suite à ceci, 2 à 3 millions de ces individus, ayant pénétré dans le mucus cervical, vont voir ou non leur parcours s'arrêter. En effet, 99% de ceux-ci, notamment ceux ayant une forme anormale*, sont détruits par la « glaire cervicale ». Certains autres gamètes sont dans les trompes.

 Plusieurs heures après l'éjaculation, il reste de nombreuses gamètes dans le mucus cervical ; et vont être « libérés » par vagues d'une dizaine de celles-ci.

 Voyons donc comment ces spermatozoïdes peuvent se déplacer : 

Le flagelle de chacun des spermatozoïdes permet son déplacement, par battements de celle-ci. Des enregistrements micro cinématographiques ont permis de démontrer qu'il n'y avait pas d'orientation particulière de ces individus dans le liquide séminal ; or, dans une expérience similaire, avec cette fois-ci de la glaire cervicale, l'orientation des spermatozoïdes est spécifique. En effet, leur vitesse est plus rapide que dans le liquide séminal, et on peut prétendre que le maillage de filaments protéiques et son orientation permet un meilleur guidage des spermatozoïdes. Cette glaire cervicale permet la protection des spermatozoïdes dans le milieu hostile qu'est le vagin. En effet, le pH du vagin est acide et toxique pour les spermatozoïdes tandis que le pH de la glaire est légèrement basique.

 Elle permet de plus un appoint énergétique aux spermatozoïdes. 

     * les deux formes anormales les plus souvent constatées : gamète possédant deux flagelles, et gamète mono flagelle mais à deux têtes.

En
a, un spermatozoïde mutant à deux têtes. En b, un autre spermatozoïde mutant à double flagelle (image déjà disponible en 4ème).



Les spermatozoïdes, ou « gamètes mâles », sont des cellules de très petite taille, disposant d'une tête contenant le volumineux noyau. Ces cellules sont dites spécialisées dans le transport de l'information génétique jusqu'au gamète femelle et sont fabriquées dans les testicules des hommes. Ces testicules renferment chacun 200 à 300 « lobules testiculaires » ; comportant eux-mêmes 1 à 4 tubes séminifères [étymologie : « semen-fere » signifiant : porter la semence]. Ces tubes mesurent environ 70 cm de long et 350 µm de diamètre. Mis bout à bout, leur longueur total serait de environ 1 km. Sous forme « pelotonnée », ils mesurent environ 10 cm de long.

 
Chaque testicule comporte environ 500 tubes séminifères (ils sont entourés d'un tissu conjonctif contenant les cellules de Leydig). A l'intérieur de ces tubes se déroule en continue la production de gamètes mâles. Cette production s'effectue de manière dite centripète, c'est-à-dire de la périphérie vers le centre du tube. La notion d'amour va être totalement effacée, et remplacée par une hormone : la testostérone. Elle est fabriquée par les cellules interstitielles (ou cellules de Leydig) situées entre les tubes séminifères, puis est déversée dans le sang. Elle agit sur les organes constitués de cellules cibles disposant de récepteurs spécifiques à la testostérone. Lorsque les récepteurs des tubes séminifères observent la présence de l'hormone, ceux-ci catalysent la production de spermatozoïdes, on parle alors de spermatogenèse.


Ces spermatozoïdes ainsi produits seront alors expulsés lors de l’éjaculation suite à un orgasme lors d’un rapport sexuel. Les gamètes remonteront l’utérus et les trompes de Fallope en direction des ovules eux-mêmes produits par les ovaires.
Durant cette ovulation, le pavillon de la trompe recueille un ensemble, formé de l'ovule entouré de nombreuses cellules folliculaires. Celui-ci mesure plusieurs millimètres de diamètre et bouche la totalité du conduit tubaire (relatif à la trompe utérine, ou trompe de Fallope, conduit pair reliant les ovaires, les glandes génitales où sont produits les ovules, et l’utérus). La nature adhésive de cet ensemble en fait un piège pour les spermatozoïdes et facilite la fécondation.
La période de fécondité d'un ovule est limitée ; en effet, elle est de 6 à 24 heures après ovulation ; or, les spermatozoïdes gardent leur pouvoir fécondant environ 3 jours dans les voies génitales de la femme.



 

C’est à ce moment là que le côté sentimental de la sexualité a été délaissé au profit des études scientifiques. Maints changements de l’étude de la sexualité ont suivi la croissance d'un jeune enfant. Au fil du temps, l’éducation sexuelle suit un schéma défini en plusieurs étapes. On passe d’un amour omniprésent chez les enfants âgés de 4 à 6 ans, à une première apparition réelle de la science pour moins d’amour en contrepartie vers 7 à 9 ans, puis au collège avec un véritable apprentissage de la sexualité, où les sentiments ont presque disparus, pour finalement aboutir au lycée et à l’étude très approfondie de la procréation sans laisser aucune place à un quelconque caractère humain. Les personnifications et autres éléments propres à l’amour ont laissé place aux études complexes et à l’explication très sophistiquée du mécanisme de la vie. La raison de ces personnifications, est qu'à un jeune âge, les enfants sont habitués à voir cet amour dans beaucoup de choses, car tout serait vivant, doté d'une conscience et d'un esprit similaire à celui d'un Homme. C'est une « atténuation » de la sexualité, une des manières de la vulgariser.

 

 Chez les 4-6 ans, nous pouvons remarquer qu’à aucun moment, le thème de la contraception n’est abordé. Il n’y a aucun document, ni même une simple évocation. Pour eux, la sexualité signifie encore le fait de concevoir un enfant, étant donné qu’on leur parle du « moment où ils peuvent faire un bébé » (p. 11). Mais on mentionne tout de même d’un « grand plaisir » (p. 11), ce qui pourrait introduire, plus tard, les méthodes contraceptives. 
 

C’est entre 7 et 9 ans qu’apparaît pour la première fois la contraception. Les deux méthodes les plus connues leur sont présentées dans un décor où règne l’affection. En observant cette image, on peut remarquer que ce cadre est très chaleureux. En effet, la scène se déroule dans une chambre parsemée d’un mélange de couleur chaude et froide. Cette dualité de nuance illustre le caractère attractif et serein de la couleur bleue, ainsi que la chaleur dégagée par le marron de la table de chevet. De plus, la présence de la lune renvoie à une idée de chaleur humaine, car elle est souvent associée, selon les croyances populaires, à la notion d’amour.
On retrouve une fois encore une couleur significative sur la boîte d’emballage. Le rose lui donne un attribut reposant et attirant qui lui-même est accentué et mis en valeur par la présence d’une petite fleur dessinée sur le carton. De même que la multi colorisation des pilules contraceptives qui, en plus de participer au côté relaxant de la scène, nous informe sur leur utilisation. Chaque couleur correspond aux différents jours du cycle : les menstruations, la phase folliculaire et la phase lutéale.
Enfin, on peut remarquer que les contraceptifs sont en train de danser. Cette danse pourrait s’apparenter à un acte sexuel « mouvementé ».
Pour une première approche de la contraception chez les 7-9 ans, on leur offre ici une image des pilules et du préservatif plutôt chaleureuse, comme s’ils s’agissaient d’instrument pour montrer l’amour entre deux personnes.


Puis plus tard, à l’âge de 9-13  ans, la notion de comique fait irruption pour permettre faciliter l’apprentissage. C’est pour cela que l’association des textes éducatifs d’Hélène Bruller et des planches de dessins de Zep est souvent privilégiée face à des manuels scolaires. Titeuf étant la mascotte des enfants, il sera mieux écouté et les jeunes seront plus aptes à recevoir une éducation sexuelle.
 Le Guide du Zizi Sexuel est différent d’un manuel, c’est une autre façon de s’instruire.
 
Nous observerons la notion de comique via une planche de bande dessinée illustrant les aventures de Titeuf et Manu avec la contraception.
 
 
 
Déjà, on pourrait décrire le distributeur de préservatifs comme illustrant l’amour dans la contraception, en effet celui-ci est rose, couleur très souvent associée à cette notion. De plus, la machine porte un nom très explicite : le « Superlove-MATIC ». Le suffixe « MATIC » fait référence aux distributeurs automatiques d’objets, et le mot « Superlove » peut renvoyer au sentiment d’amour accentué par l’utilisation du préfixe « Super ». Littéralement, le nom de cet appareil pourrait se traduire par « Le distributeur automatique du grand amour ».

 
Sur cette machine figure aussi des pictogrammes. L’un représente un cœur, ce qui nous ramène au rôle de ce distributeur, celui de répandre l’amour. Les autres illustrent le début de la fécondation. Si l’on suit la chronologie de ces vignettes, on peut deviner que le spermatozoïde, gamète mâle, parcourt ce qu’il semblerait être la trompe de Fallope pour atteindre l’ovule qui se trouve dans la dernière vignette. Evidemment, le préservatif masculin a pour rôle de stopper cette fécondation en empêchant l’entrée des spermatozoïdes dans l’utérus, ceux-ci restent bloqués dans le réservoir en latex après l’éjaculation lors d’un rapport sexuel.
 
 Leurs sourires, leurs poings fermés et les paroles de Manu marquent une certaine détermination à acheter une boîte de préservatif, comme si à leur âge il s’agissait d’un trophée, d’une chose plus ou moins tabou qui ne leur semble pas encore banale. Cela renvoie à une idée d’ignorance et de comique vis-à-vis de la contraception. Pour Titeuf et Manu, comme pour la plupart des enfants, obtenir un objet d’adulte est perçu comme « rigolo ».
 
La notion de comique et d’ignorance se poursuit dans les vignettes suivantes. Déjà avec l’ouverture de la boîte, on peut observer que le regard Manu et son sourcil levé montrent bien qu’il ne voit pas quelle pourrait être l’utilisation d’un préservatif.
 
Titeuf les utilise comme des chaussettes. Le fait qu’il puisse « marcher dans l’eau » illustre l’imperméabilité du contraceptif, et donc du fait qu’il permet bien l’arrêt de la fécondation. Ensuite, il ajoute que ses pieds « sentent la fraise », ce parfum est destiné à renforcer la notion d’amour dans les couples durant l’acte sexuel (en lien avec deux publicités pour la marque Durex).
 
Les enfants aiment faire des bombes à eau avec des ballons, et c’est bien ce que les deux protagonistes essaient de faire. On retrouve de nouveau cette naïveté enfantine et cette volonté de comique avec l’explosion du préservatif, en opposition avec la consistance du préservatif le rendant « Super résistant ». Ici, la résistance du préservatif ne veut pas dire qu’il peut contenir plus d’eau qu’un ballon classique, cela signifie qu’il n’y a pas de risque qu’il cède lors d’un rapport sexuel.
 
Ensuite, ils l’utilisent en guise de bonnet de bain. On y retrouve deux propriété de ce genre de contraceptif : on voit de nouveau son imperméabilité, car cette « utilisation » à la piscine montre bien qu’il ne laisse pas passer l’eau à l’instar d’un véritable bonnet, ainsi que son rôle de protection face au Virus de l’Immunodéficience Humaine. Zep tourne cette scène au burlesque, en effet, Titeuf pense que le VIH concerne toutes les régions du corps humain alors que l’infection ne se développe que par rapport sexuel non protégé ou par contact avec du sang contaminé.
 
De nouveau, on retrouve un quiproquo en relation avec la troisième vignette. C’est la « Super sécurité » du préservatif qui est évoquée, mais on ne parle pas de sa capacité à empêcher les grossesses non désirées et à protéger des Maladies Sexuellement Transmissibles. Ici, le contraceptif étant utilisé comme élastique, Titeuf et Manu nous parlent de la sécurité comme si le latex était incassable.
Cette sécurité, en relation avec la vignette précédente, définit le rôle « barrière » du préservatif contre les Infections Sexuellement Transmissibles et le VIH. Il s’agit du seul contraceptif capable d’empêcher l’entrée de sperme (principal liquide corporel permettant la prolifération des MST), contaminé ou non, dans le vagin.
 
Enfin, ils se servent du parfum fraise du préservatif pour le présenter comme un chewing-gum. Il s’agit bien sûr d’une autre volonté de la part de Zep de se montrer cocasse. L’hilarité des deux personnages nous ramène à la situation de la première vignette, se procurer et trouver un rôle insolite à un objet adulte revient à être « rigolo ».
 
Pour terminer, on remarque cette fois l’utilisation simultanée du sérieux et du comique dans l’ultime vignette. Ce burlesque met en scène les deux enfants réjouis d’avoir trouvé un réel usage à cette trouvaille. Cette situation où le préservatif est enfilé sur le pénis d’une statue permet à Zep de faire passer un message éducatif visant à expliquer que c’est de cette manière que ce contraceptif offre la meilleure utilité.
 
Cette planche de bande dessinée associe le comique et l’amour, ce qui la rend totalement humaine. C’est de cette manière qu’il favorise l’apprentissage et l’ouverture à la sexualité. Il dessine des scènes de la vie où des enfants pourraient un jour se retrouver.



 
Sur une autre page du Guide du Zizi Sexuel, le comique de la bande dessinée (et comme nous avons pu le voir, l’enseignement qui en découle), est associé avec des explications textuelles. Voyons comment cette combinaison permet-elle de réellement enseigner tout en insistant sur le burlesque.

Dans cette double page, Hélène Bruller, accompagnée des illustrations de Zep, aborde le sujet de la contraception. Elle commence en effet par dire, à juste raison, que faire l'amour, soit avoir un rapport sexuel, ne signifie pas forcément vouloir et faire un bébé !
A l’instar du bonnet de bain dans la vignette 4 des pages 68 et 69 du Guide du Zizi Sexuel, Titeuf place le préservatif sur sa célèbre mèche, plus ou moins comparée à un pénis. Cette fois, on ne voit pas le rôle protecteur du préservatif, mais sa capacité à contrer la fécondation. On pourrait associer cette image au petit texte « Comment ça marche, un préservatif ? ». Il sert à enfermer dans le réservoir le sperme expulsé lors de l’éjaculation pour ne pas qu’il parte dans le vagin. Comme le démontrent les rires d’Hugo et Manu, cette scène prête à rire, car ici Titeuf ignore que le préservatif se porte sur le sexe pour empêcher la grossesse et non sur la tête. Il réplique face à leurs rires, et celle-ci montre une potentielle interprétation de « faire l'amour » pour des enfants. Ceux-ci pourraient penser, comme Titeuf que rapport sexuel engendre forcément un enfant, or ça n'est pas toujours le cas.
La seconde illustration comporte Titeuf, et son père assis sur un fauteuil. Celui-ci lit le journal quand le premier vient lui parler discrètement, en mettant sa main à côté de la bouche, de sorte que personne n'entende leur discussion « privée ». Il lui dit donc que s'il ne veut pas aune autre « petite sœur », Titeuf peut « lui avoir » des préservatifs... 
On voit bien qu'
il a compris qu’elle utilité a ce contraceptif. On peut se servir d’une partie du paragraphe « 
Comment ça marche, la pilule ? » mais du point de vue de l’homme : « Pour faire un bébé, il faut un ovule et un spermatozoïde, donc s’il n’y a pas de [spermatozoïde] il ne peut pas y avoir de bébé ».
Hélène Bruller débute tout d'abord en donnant une définition de la contraception, soit : «Ce sont les différents moyens pour éviter d'avoir un bébé quand on fait l'amour. ». Cette définition est totalement justifiée, mais la contraception sert aussi à se protéger des MST et en particulier du SIDA (ce qui sera justifié à la page suivante).
On observe bien une certaine vulgarisation dans la définition même de la chose, contrairement à la définition de l'OMS ; l'Organisation Mondiale de la Santé qui est « l'utilisation de moyens, de dispositifs, de méthodes ou de procédures pour diminuer la probabilité de conception ou l'éviter ».
Les deux moyens de contraception les plus connus sont introduits dans ces questions, soient le préservatif masculin, et la pilule. On observe un grand rapprochement avec les contraceptifs des 7-9 ans. Néanmoins, leur rôle et leur utilité son abordés dans Le Guide du Zizi Sexuel. La pilule est définie comme « une petite pastille contenant des hormones. Les hormones qui sont dans la pilule vont donner l’ordre aux ovaires de ne pas pondre d’ovule ». L’utilisation du verbe « pondre » fait référence aux œufs, l’ovocyte étant plus ou moins considéré comme la coquille d’où se développera le fœtus.
Le préservatif « est un autre moyen de contraception qui existe pour les garçons. C’est un capuchon en caoutchouc très fin qui se met sur le « zizi » des garçons juste avant de faire l’amour. Quand le sexe est en érection, on enfile dessus le capuchon en caoutchouc en le déroulant doucement ».
En effet, les contraceptifs comme le stérilet pourraient être quelque peu inconvenant pour un enfant de 9-13 ans, et ne figurent donc pas parmi les moyens de contraception énoncés. Cette double page présente de la même manière le préservatif et la pilule, c'est-à-dire qu'une définition de « l'objet » est donnée, suivie d'un « Comment ça marche... » expliquant le mode de fonctionnement de chacun des deux contraceptifs, avec en plus pour le préservatif une explication de la manière dont on doit le mettre.


 
En plus du Guide du Zizi Sexuel, les manuels scolaires aussi permettent d’enseigner ce qui se rapporte avec la sexualité. Cependant il existe une grande différence entre l’ouvrage de Zep et d’Hélène Bruller ainsi qu’un livre d’école. C'est ce que nous pourrons voir en observant cette photographie. Nous y voyons de multiples moyens de contraception masculins, féminins, chimiques (qui agissent sur l'organisme, en général par introduction d'une substance dans le corps) et mécaniques (qui entravent la fécondation sans réaction chimique : stopper l'entrée de sperme dans le vagin, empêcher la nidation de l'embryon, ...) : des stérilets et seringues repoussants, « chirurgicaux », en opposition avec les préservatifs Durex, dont la publicité cherche à les rendre attirants (
cet antagonisme peut se justifier par la visualisation de cette publicité), en passant par les gels lubrifiants, ou encore les plaquettes de pilules. On ne peut percevoir de notion d'amour à travers ces contraceptifs de toutes les couleurs, or le petit « guide contraceptif » au centre de la photographie comporte lui-même une photographie, en noir et blanc, de deux être humains de sexe opposé. C'est peut être l'une des dernières « notions humaines » que l'on pourra trouver dans un livre destiné à l'apprentissage au collège. De plus, cet « amour » semble très atténué. Effectivement, deux adolescents se regardent, mais il s’agit d’une image dans l’image, ce qui rend le sentiment humain très distant. Symboliquement, l’amour s’efface petit à petit en devenant secondaire voire obsolète au sein de la science.
 

 

 

Puis, plusieurs années plus tard, au lycée, nous noterons une disparition totale des sentiments dans la contraception. Voyons ceci en lisant un article tiré du journal « Le Monde » le 24 juin 1999, rédigé par Elisabeth Bursaux.
Dans cet article, il y un amas de chiffres et données diverses (pourcentages, chiffres…) mais plus aucune image. Là encore, seul le côté scientifique et même commercial est mis en avant, sans introduire une quelconque idée de sentiments à travers la contraception.
Il existe deux types de pilules dérivées de la pilule classique :
- La « pilule du lendemain » faisant partie d’une nouvelle classe de contraceptif : la contraception d’urgence. C’est une pilule contragestive (c'est-à-dire provoquant l’avortement) dont aucun œstrogène (hormone sexuelle constituant un groupe de stéroïde) n’a été ajouté pour éviter tout effet secondaire indésirable. Elle est donc composée d’un seul progestatif (substance qui favorise les processus de la grossesse). On dit aussi qu’elle est « anti-œstrogénique ». Elle fonctionne en empêchant l’implantation de l’ovocyte fécondé dans l’utérus et doit être prise dans les 72 heures suivant un rapport sexuel non protégé. Depuis le 1er Juin 1999, cette pilule est disponible en pharmacie pour les femmes de tout âge. Il s’agit cependant d’une contraception d’urgence et ne doit être prise que dans des cas exceptionnel (oubli de la pilule ou mauvaise utilisation d’un préservatif).
- Les pilules « micro-progestatives », alias « micro-pilules ». Elles sont composées d’un dérivé de la progestérone (hormone sexuelle permettant la préparation de l’utérus à la grossesse) à faible dose. Ces pilules sont vendues par packs de 28 comprimés qui doivent être pris chaque jour à heure fixe, mais sont moins efficaces que les pilules « anti-œstrogénique ». Elles agissent sur la glaire cervicale (qui est une sécrétion du col de l’utérus) en l’épaississant et en la rendant imperméable aux spermatozoïdes, sur la muqueuse utérine en la rendant impropre à la nidation car en effet l’embryon ne s’implantera pas et sera expulsé de l’utérus, ainsi que sur les ovaires qui ne libèreront plus d'ovule.


Examinons la glaire cervicale d’une femme prenant ou non la « micro-pilule ».
La photographie a représente la glaire d’une femme ne prenant pas la pilule. On peut observer que le spermatozoïde passe facilement et pourra commodément rejoindre l’ovule.
La photographie b illustre la glaire d’une femme prenant la pilule. Celle-ci s’est épaissie, rendant le passage difficile aux spermatozoïdes, grâce à sa nouvelle propriété d’imperméabilité.



La contraception ainsi que la sexualité, se voient changer au fur et à mesure l’accroissement de l'âge des mineurs visés. On observe de nouveau un dégradé : on aborde le thème entre 7 et 9 ans (celui-ci n’étant pas évoqué chez les plus jeunes) avec un amour marqué par des contraceptifs dansants, puis on rencontre Titeuf qui nous convertit un fragment de cet amour en humour, en passant par le programme scolaire du collège initiant à la complexité scientifique de la contraception où l’être humain s’est effacée progressivement, pour au final parvenir au lycée et accéder à des réflexions purement et exclusivement biologiques. Dans ces deux domaines, la notion d'humanité disparaît au profit de l'avancée scientifique. Cette notion, bien perçue par les enfants et plutôt inconnue auprès des adolescents, est une méthode pour les plus jeunes de s'ouvrir petit à petit à une éducation sexuelle, étant donné que l'on présente un monde coloré et heureux se transformant en un livre de science. Il s'agit donc bien d'un moyen de vulgarisation de la sexualité.
Nous allons dès à présent analyser une seconde méthode permettant cette vulgarisation.

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